AU CŒUR DE LA TRANSITION – GRÉGOIRE DALLEMAGNE (LUMINUS)

Dans Let’s Talk, la FEB vous fixe rendez-vous avec une figure clé du monde entrepreneurial en Belgique chaque dernier jeudi du mois. Qui se cache derrière la femme ou l’homme chef d’entreprise ? Quel est le moteur qui la ou le pousse à faire tourner son activité 24h sur 24, 7j sur 7 ? La passion des chiffres, les gènes, l’ambition... ? Let’s Talk raconte une histoire personnelle, un businesscase dynamique sur la scène et dans les coulisses. Notre invité est Grégoire Dallemagne, CEO de Luminus. S’il est incollable sur toutes les questions touchant de près ou de loin l’énergie, le « technicien » Grégoire Dallemagne est aussi un amoureux de la nature. De toute façon, pour lui, « la lutte contre le réchauffement climatique est indissociable de la protection de la biodiversité. »

« En tant qu’occupant d’espaces naturels, nous voulons éviter et réduire au maximum les impacts de nos activités sur la biodiversité »

Grégoire Dallemagne est depuis septembre 2011 CEO de Luminus, où il a impulsé une transformation stratégique pour s’adapter aux enjeux de la transition énergétique. Luminus (Groupe EDF) occupe plus de 2.300 personnes, est producteur et fournisseur d’énergie et de services énergétiques. Notre invité est par ailleurs depuis juin 2021 président de la FEBEG, la Fédération belge des entreprises électriques et gazières.
Entre explosion des prix, encore aggravée par la guerre en Ukraine, et nouveaux défis liés à l’urgence climatique et à la transformation du marché de l’énergie, le secteur est pour le moins… sous pression. C’est pourtant à un Grégoire Dallemagne confiant que nous avons affaire. Parfaitement conscient des défis et difficultés, mais convaincu que l’on peut faire face, à condition de faire siennes deux grandes recommandations pour le futur : sobriété énergétique et électrification.

La stratégie de Luminus repose sur trois piliers. L’entreprise produit de l’électricité. Elle a investi près de 1 milliard EUR dans le renouvelable ces 10 dernières années, est leader en éolien terrestre (2022 a vu l’installation de la 250e éolienne) et en production hydroélectrique (Luminus exploite 7 centrales hydroélectriques sur la Meuse et la Sambre). Elle est également fournisseur d’énergie et, enfin, offre des solutions énergétiques innovantes « Ce dernier pilier est né il y a 5 ou 6 ans. C’est dans ce domaine-là que nous occupons aujourd’hui le plus de personnes : plus de 1.500. Le potentiel y est très fort. Ces services innovants, qui visent à réduire et à sécuriser la consommation d’énergie, sont la priorité de Luminus et… de nos clients ».

NOUVEAU BUSINESS MODEL

C’est que le mode de fonctionnement du marché de l’énergie a bien changé en deux décennies. La production, le transport, la distribution et la vente ont été scindés, faisant au passage entrer de nouveaux acteurs. Le client final est aujourd’hui un intervenant à part entière. Il ne participe pas forcément à la production d’énergie mais à tout le moins – plus que par le passé – à la gestion de sa propre consommation. « Pour un fournisseur d’énergie, c’est un vrai changement de business modèle. Il y a dix ans, notre travail consistait à vendre un maximum de MWh d’électricité et de gaz avec une marge. Aujourd’hui, ce métier existe toujours, mais la vapeur s’est inversée. Bien sûr, on vend encore du gaz et de l’électricité, mais le moins possible, et l’énergie dont nos clients ne peuvent se passer doit être la plus verte possible, j’entends, produite le plus possible à partir d’énergies renouvelables. »

SOBRIÉTÉ ÉNERGÉTIQUE ET ÉLECTRIFICATION

Au quotidien L’Echo (13 février 2021), Grégoire Dallemagne avait confié : « La crise climatique menace de devenir une crise humanitaire. L’urgence climatique nécessite une réponse à l’échelle mondiale qui soit de la même ampleur que la réponse qu’on a pu donner à la pandémie de COVID-19. » Il en appelle à une « mobilisation générale ». Comment ? Via la sobriété énergétique et l'électrification de notre société. « Car le défi est de taille ! Il faut faire converger 2 courbes. Une qui tend vers 0 émission de CO2 le plus rapidement possible, 2050 au plus tard. L’autre est une courbe d’électrification intensive, pour diminuer drastiquement la combustion des hydrocarbures (essence, diesel et gaz) utilisés principalement dans les bâtiments, les voitures et l’industrie. Or, ces hydrocarbures représentent encore toujours 80% de l’énergie consommée … et brûlée directement. Mais je suis confiant : si nous déployons les moyens que nous connaissons, nous pouvons diminuer de 50% notre consommation et les émissions liées. » Un exemple ? L'École Polytechnique de Huy et les résultats obtenus dans le cadre du contrat de performance énergétique de cet établissement, confié à Luminus. Isolation et rénovation de façades, isolation de toitures, remplacement de menuiseries, installation de faux-plafonds, améliorations de l’éclairage, installation de panneaux solaires, rénovation en profondeur des chaufferies, entre autres, permettent désormais de faire baisser la consommation d’énergie de 52% et d’épargner 340 tonnes de CO2 chaque année !

Pour Grégoire Dallemagne, il est impératif de continuer à investir dans l’innovation pour être prêts, une fois passée cette phase de réduction de la consommation de 50%, avec des solutions innovantes permettant, à l’échelle industrielle, de décarboner les secteurs plus difficiles à décarboner.

LA PAROLE ET LE GESTE

La raison d’être de Luminus est « de créer un avenir énergétique neutre en CO2, conciliant préservation de la planète, bien-être et développement grâce à l’électricité et à des solutions et services innovants ». Derrière les mots, il y a une réelle mobilisation. En témoigne le Collectif 2030 dont fait partie Grégoire Dallemagne, avec une trentaine de CEO. Le but : face à l’urgence climatique, échanger sur les modes d’action, s’inspirer les uns les autres. En témoigne aussi ce que la société a mis en place pour veiller à l’intégration environnementale des unités de production que sont les éoliennes et les centrales hydro-électriques. « En tant qu’occupant d’espaces naturels, nous voulons éviter et réduire au maximum les impacts de nos activités sur la biodiversité, voire enrichir la biodiversité locale. »

EN UN MOT

Grégoire Dallemagne ne le répétera pas assez : le secteur énergétique est au cœur de la transition. Il est donc indispensable d’avoir une réflexion globale pour choisir le mix électrique – à ne pas confondre avec le mix énergétique se plait-il à souligner ! – qui permettra d’ici à 2050 l’approvisionnement en électricité au coût le plus bas, avec des émissions de CO2 les plus modérées possible, et ce, tout en assurant à chaque moment la sécurité d’approvisionnement. « Le monde des entreprises fait partie de la solution : prenons les choses à bras le corps pour faire bouger les lignes. »

Écoutez l'intégralité du podcast… via Spotify ou Apple Podcasts

 

Bloquez dès à présent dans votre agenda la date du prochain podcast Let’s Talk de la FEB. L'invité, René Branders, est CEO de FIB (anciennement Four Industriel Belge), spécialisée dans la conception et la fabrication de lignes de fours industriels pour la production de fils d'acier. En tant qu’équipementier tourné vers l’exportation, la société est très soumise aux pressions géopolitiques ainsi qu’aux turbulences macroéconomiques. Comment y répond-elle  ? La réponse en compagnie de cet entrepreneur aux multiples casquettes …  À écouter dès le jeudi 25 août 2022.

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