Opinion

Chercher l’argent où il se trouve

« Allez chercher l’argent où il se trouve ». Vous n’entendrez pas souvent cette rengaine de la part de la FEB. Permettez-moi de clarifier mon propos avec cette opinion. Comme le prévoit la loi, un mois avant les élections, le Bureau fédéral du Plan (BFP) a publié son calcul de l’impact économique des promesses électorales des partis politiques1. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce chiffrage est tout sauf encourageant. Dans leurs listes de priorités, absolument aucun parti n’aligne le budget sur la norme européenne, établie à 3% au maximum. Ils ne prévoient pas non plus de rapprocher le taux d’emploi de 80%, même avec un glissement massif des charges. Ma prédiction d’il y a quelques semaines (« Le discours politique à l’approche des élections n’augure rien de bon ») est aujourd’hui confirmée par des chiffres écrits noir sur blanc.  

Winston Churchill

De nombreuses propositions politiques ont été lancées pour partager le gâteau (le budget), bien que le gâteau en question n’existe pas encore. Je n’entends guère d’idées pour d’abord le préparer ou le faire gonfler. Car la réalité que nous devons oser affronter (même en période électorale) est la suivante : avec notre budget dans le rouge (un déficit de 25,9 milliards EUR), il reste peu de marge pour les cadeaux. Seules des entreprises compétitives et des réformes structurelles visant un taux d’emploi de 80% peuvent sauver notre État-providence. Winston Churchill l’a jadis exprimé en ces termes : « Certains voient les entreprises comme des prédateurs qu’il faut chasser, d’autres comme des vaches qu’il faut traire. Rares sont ceux qui les voient comme les chevaux puissants qui tirent la charrette ». Si, au cours de la campagne électorale, nous ne prenons pas conscience de la nécessité de renforcer les fondements de la prospérité, tous les autres débats n’ont pas lieu d’être. Mais il s’avère que cette campagne est hors de contrôle. Elle ne s’appuie pas sur des faits : c’est l’intuition qui règne en maître. Au risque que l’Europe prenne bientôt des sanctions contre la Belgique.

Un conseil précieux

Je ne cesserai jamais de le répéter : sans une assise économique performante, le progrès social est impossible. Il appartient aux responsables politiques d’avoir l’honnêteté d’informer correctement les électeurs pour qu’ils et elles puissent voter de manière éclairée. Et prétendre que la solution consiste à augmenter encore les impôts n’est pas la bonne méthode. À ce propos, la Belgique est depuis des années la championne du monde des « pays les plus lourdement taxés »2. Aller chercher l’argent auprès des entreprises est un autre de ces arguments que l’on entend beaucoup. Depuis 2021, les marges bénéficiaires des entreprises sont en chute libre, tandis que la liste des restructurations dans notre pays ne cesse de s’allonger. Notre position concurrentielle est quant à elle soumise à de fortes pressions, en particulier dans les industries tournées vers l’exportation.

Sans une assise économique performante, le progrès social est impossible

Notre message aux responsables politiques prochainement élus est donc sans équivoque : à quoi bon s’enliser dans 500 jours, ou même plus, de négociations ? Nous détenons déjà ce record. Il serait encore préférable de nommer un gouvernement de transition, composé en partie de technocrates ou non, qui fasse tourner notre pays sans laisser le déficit budgétaire se creuser davantage et qui restaure la compétitivité. Seul un gâteau plus grand peut nous sauver.

Pour conclure, voici un autre conseil précieux : allez chercher l’argent où il se trouve. J’entends par là : réduisez de moitié les charges administratives qui pèsent actuellement sur les entreprises et qui se sont élevées à pas moins de 6 milliards EUR en 2022. Comment ? Nos experts ont formulé 15 propositions concrètes visant à réduire d’environ 50% la surcharge administrative que supportent nos entreprises. La simplification administrative constitue ainsi assurément le moyen le plus abordable d’enrayer le déclin de la compétitivité-coût de nos entreprises, et par conséquent de garantir la prospérité de tout un chacun. Comme vous pouvez le constater, toutes les propositions ne coûtent pas nécessairement de l’argent.

À l’issue de dix heures de débats avec les présidents de parti, la FEB a rassemblé dans un livre numérique les solutions proposées par les responsables politiques pour répondre aux problèmes auxquels les entreprises belges font face. Lisez notre analyse dans le livre numérique « Let’s Talk Elections ».

Lisez aussi l’interview de Pieter Timmermans dans De Tijd, « Deze verkiezingscampagne is losgeslagen 

1 www.dc2024.be
2 Volgens de OESO heeft België wereldwijd de hoogste belastingdruk, www.oecd.org/tax/taxing-wages-20725124.htm

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